Olivia Clergue
L’élégance commence avec l’âme
Vient ensuite le sac, bien sûr. À main, porté à l’épaule, en bandoulière, à tannage végétal, quitte à pousser la délicatesse un peu au-delà de la personne et l’étendre à la planète qui nous accueille. Olivia Clergue incarne, à sa manière unique, une certaine élégance française, et la richesse des contextes qui l’ont vu naître n’y est pas étrangère. Quand on a l’immense Lucien Clergue pour père, celui d’Arles et de ses rencontres photographiques qu’il fonde en 1968, Picasso pour parrain et premier professeur de dessin, Michel Tournier et Jean Cocteau en amis de famille, pour ne citer qu’eux, il est difficile de passer à côté de ce “je ne sais quoi”. Olivia étudiera la sculpture aux Beaux-arts de Paris, puis les aspects plus techniques de son métier de créatrice en maroquinerie à esmod.
L’enfance d’Olivia se déroule sous le soleil de Camargue, entourée de tout ce que le 20e siècle compte d’artistes de génie. Sa vision de la mode sera influencée par les créations d’Yves Saint Laurent qu’affectionne tout particulièrement sa mère, et les costumes traditionnels arlésiens, notamment les réticules* que portent les femmes du pays, dont on retrouve les souvenirs dans ses premiers sacs. La tradition équestre camarguaise se donne également à voir dans son travail, comme le révèle l’utilisation des cuirs naturels tannés sans métaux lourds, associée aux coutures de fil blanc apparentes.
Depuis 2008, Olivia Clergue dessine ses collections en parvenant immanquablement à toucher à ce qui s’apparenterait au fameux “instant classic” dont tout le monde rêve avec plus ou moins de bonheur, ces pièces qui enrichissent et étendent le concept d’indispensable. Sur les formes qu’elle crée, viennent ensuite se poser les couleurs. Ainsi les modèles se déclinent plus ou moins sagement en teintes et nuances dont on se plaira à imaginer les subtiles filiations.
V.B.
*Petit sac-aumônière en coton, parfois brodé, ou en fils d’argent, contenant le strict nécessaire de sortie (mouchoir, sels).