Luvienz

Imaginez que vous vivez sur l’Olympe, dans la vallée de San Fernando, sur les hauts de Ramatuelle ou quelque autre toit du monde, parmi les divinités entières et partielles. Quant vient le moment des libations, le lever du soleil, votre prix Nobel de la paix, un Oscar ou une énième étoile au Michelin, il y a certes le nectar, dont on sait finalement peu de choses, ni même s’il exista jamais. Mais au rayon des choses nouvelles & exceptionelles, grâce à Guillaume Laborie et Leevy Pennaneach, il y a désormais Luvienz.
 
Le breuvage a ceci de commun avec le mythologique nectar, qu’il réunit un solide et un liquide : il s’agit ici de l’assemblage secret et délicat de blanc de blancs et de caviar osciètre, en toute simplicité. Le résultat est d’un gris sidéral tant il est profond. Sensible à la lumière, il se diapre de vert sombre, de parme foncé, atteint presque le noir. En bouche, l’attaque dynamique et subtilement fleurie du blanc de blancs précède la longue douceur iodée du caviar, puis s’annonce la note finale très subtilement amandine.
 
Le miraculeux Luvienz est né de quelques années de recherches menées par ses deux créateurs ; œuvre quasi surréaliste, il eût irrémédiablement conquis le plus atomique/excentrique et gourmet de tous les artistes, Salvador Dali, amoureux fou des homards, des escargots, des grenouilles, du caviar, des têtes couronnées et de l’érotisme. La beauté sera comestible ou ne sera pas.
 
V.B.