Akonite
Je glisse, tu glisses, nous glissons, sur l’eau, la neige, le béton, le bitume
Alexandre Fougea, fondateur d’Akonite a-t-il dédié sa vie à la glisse ? Nous sommes tentés de le croire, en contemplant sa jeune et cependant riche œuvre. Il commence tôt, comme tout génie qui se respecte, et n’est encore qu’élève-ingénieur aux Arts et Métiers lorsqu’il réalise en 2004 les premiers skis nautiques de figure en fibre de carbone, les plus légers qui soient, c’est la moindre des élégances.
Viennent, en 2006, les wakeboards, Akonite équipe de jeunes champions français qui jusque là dépendaient de marques américaines. C’est en 2007 que les records commencent à tomber aux pieds (mouillés) de ses ambassadeurs, notamment ceux de Clémentine Lucine, qui remporte le championnat du monde de ski nautique.
Mais pour Alexandre, installé à Paris, la glisse est également une affaire urbaine, les planches se testent sur les bassins de la Défense ou du Trocadéro et se tractent en scooter, Jimmy Knoxville et ses Jackass ne sont pas loin. Snowboards, skates de toutes sortes, surfs d’ultra-luxe ; le frottement permanent avec les éléments apporte à Akonite quelques principes fondateurs sains – qu’ignorent pourtant la majorité des grands acteurs du monde sportif : durabilité et écologie, parce qu’il s’agit de ne pas détruire ce que l’on caresse.
Son approche très technique en résonance parfaite avec le Zeitgeist amène tout naturellement Alexandre Fougea dans le champ de vision des marques de luxe et de l’art contemporain, son chemin croise le sillage de Xavier Veilhan, qui n’est pas seulement l’un des grands artistes français, mais aussi un grand adepte du surf. Ensemble ils planchent deux années, c’est dire si les deux sont soigneux, sur une série de douze paires de skis en bio-composites, décorés selon le principe du dripping pendulaire, technique régulièrement utilisée par Veilhan dans ses œuvres.
Depuis, confirmant la place centrale de la glisse dans son travail, peut-être parce qu’elle est, avec le vol et la marche sur l’eau, l’un des moyens les plus élégants et mystiques de se déplacer, Alexandre a étendu son intérêt aux luges. De bois cintré, de liège, de cuir et d’acier, elles subjuguent, par leur raffinement exquis et l’intelligence de leur conception. Et lorsque le lien avec la glisse semble discret, s’il s’agit d’habiller une bouteille thermos de liège et de carbone, c’est pour équiper le très jeune explorateur français Matthieu Tordeur qui part seul, skier sur quelques 1050 kilomètres en Antarctique, un traineau arrimé à son torse, durant 50 jours.
VB.